Soldats du 246°RI de Fontainebleau, zouaves du commandant d'Urbal...
ces hommes du plateau de Barcy.
Entre le 6 et le 9 septembre 1914 c'est l'affrontement général sur les plateaux découverts de Barcy à Chambry. De nombreux régiments de fantassins français vont s’acharner sur cette plaine sans abri, à déloger les Allemands bien retranchés et qui tiennent les hauteurs de Varreddes.
Pendant 3 jours sur cette plaine, les soldats et leurs officiers chargeant en avant de leur régiment, ils vont être fauchés par les obus et les tirs de mitrailleuses allemandes.
Dimanche 6 septembre 1914
C’est le régiment de Fontainebleau qui aura, principalement, la redoutable mission, d’affronter les positions allemandes et leurs dévastatrices mitrailleuses. Au plus fort de l’attaque, le 246e R.I. sera secondé, sur son aile gauche, par un demi-régiment de Melun, ainsi que la 22e compagnie du régiment de Coulommiers (276e RI). Le bilan de la bataille sera très lourd, le 246e R.I. de Fontainebleau a été littéralement décimé.
Au milieu des affrontements, et le mélange des trois unités, la garde du drapeau du 246e, de Fontainebleau a été fauchée.
Le lieutenant René Mulleret, porte-drapeau du régiment est blessé. L’adjudant Colas et le soldat Chavet du 276e de Coulommiers, relèvent le drapeau.
Le sous-lieutenant Jacques-Louis Dumesnil (32 ans) du 246e régiment de Fontainebleau se saisit du drapeau, bondit en avant et agitant vaillamment l’étendard en signe de ralliement, le courageux officier repart au combat, entrainant à deux reprises, les hommes avec lui.
Au cours du dernier assaut, il reçoit une blessure au bras.
Cet acte de bravoure lui vaudra, le 9 septembre, à Gesvres-le-Chapitre, Q.G. provisoire du général de Lamaze, sur le champ de bataille, près des lieux où il a combattu, le grade de lieutenant. En novembre 1914, il fait Chevalier de la Légion d’Honneur.
Jacques-Louis Dumesnil (1882-1956)
A la déclaration de la guerre, il est avocat, Conseiller Général, et député de Fontainebleau.
Démobilisé, il deviendra ministre de l’Aviation en 1917-1919, ministre de la Marine en 1924-1925 et 1930, puis vice-président de l’Assemblée Nationale, de nouveau ministre de l’Air en 1931, et enfin maire de Fontainebleau de 1935 à 1944.
Il se retire à 63 ans, de la vie politique en 1945, pour se consacrer aux œuvres d’anciens combattants et orphelins de guerre.
Larchant, dans le Sud de la Seine-et-Marne, dans le village familial, là où il est enterré, pour le 10e anniversaire de sa mort, une rue à son nom a été inaugurée en 1966.
Maurice Joron (31ans)
Soldat à la 24e compagnie, il est blessé à la cheville droite par un éclat d’obus. Il sera évacué par la suite vers l’hôpital militaire de Rennes, où il subira cinq opérations. Réformé, en 1915, il en gardera toute sa vie, des séquelles.
Il est né le 18 janvier 1883 à Montmartre, à Paris. Ses grands-parents sont une vieille famille d’agriculteurs de Bry-sur-Marne.
Artiste-peintre, il est, par deux fois, en 1905 et 1907, médaillé au Salon des Artistes Français.
Des combats de Barcy, datent les nombreux croquis pris sur le vif, et publiés dans les journaux.
En 1916, il se rend dans le camp militaire de Mailly (Aube) où par ses dessins, il laisse un témoignage des soldats du Corps expéditionnaire russe.
Marié en 1918, il est père de trois enfants.
Il continuera sa carrière artistique et honorera des commandes d’État. Malade, il décède le 4 octobre 1937, à l’âge de 54 ans.
Bry-sur-Marne, où il est enterré, le musée de la ville a inauguré, le 9 avril 2010, un espace à son nom où ses œuvres sont exposées (don de sa fille Marie-Louise).
L’abbé Marcel Longuet (29 ans)
D’une grande taille pour l’époque, il mesure 1m85, il est caporal à la 21e compagnie.
Il sera cité à l’ordre du régiment :
“Le 6 septembre 1914 au combat de Barcy, a entrainé énergiquement son escouade à l’assaut. Voyant son commandant de compagnie blessé, (nota : capitaine Alexandre Robinet, blessé à mort) sur la position qui venait d’être enlevée, s’est porté à son secours, sans se soucier du danger auquel il s’exposait ainsi. Très grièvement blessé à ce moment de sept balles dont une intéressant (sic) la colonne vertébrale, il fut considéré comme mort et ne fut relevé que plusieurs jours après. Il n’avait cessé durant tout ce combat de donner l’exemple du plus beau courage et de la plus grande abnégation.
Le rapport médical indique : plaies multiples par éclat d’obus et par balles, 7 en tout. 2 balles ont traversé la cavité abdominale de part en part. Une a été extraite dans la région lombaire.
Marcel Longuet est né le 6 octobre 1885 au hameau de Bonsac à Saint-Martin-Chennetron, (devenu Beauchery-Saint-Martin depuis1972) dans l’arrondissement de Provins. A 13 ans, il est orphelin de père. Le 3 octobre 1905, à 20 ans, il s’engage pour trois ans, en tant que soldat ecclésiastique et infirmier. Le 14 juillet 1907, il passe caporal. Il quitte l’armée le 3 octobre 1908, après 3 ans de service.
Le 29 juin 1912 il est ordonné vicaire (prêtre assistant), et officie à Meaux, en l’église Saint-Nicolas.
Après les combats du 6 septembre 1914, durant plusieurs jours, il sera soigné dans la ferme Dhuicque de Barcy. Il sera ensuite évacué en Bretagne, au Couvent des Filles de la Croix, transformé en l’hôpital militaire n° 21.
Après sa convalescence, il est versé dans le service auxiliaire.
Le 11 juin 1915, il est promu sergent.
Le 8 octobre 1918, il est démobilisé.
Vicaire, puis curé de l’église Saint-Nicolas de Meaux, il participera, dès septembre 1917, aux cérémonies anniversaires de cette bataille.
Le 6 septembre 1964, le chanoine Longuet sera encore présent, à Meaux, pour célébrer dans la cathédrale, le 50e anniversaire de cette bataille, avec notamment la présence du général de Gaulle, Président de la République, et du Premier Ministre, Georges Pompidou, ainsi que plusieurs membres du gouvernement.
En 1965, à 80 ans, en raison de son âge, il se retire à Provins, près de sa famille. Il décède à l’âge de 86 ans, le 12 octobre 1971 et repose dans le cimetière de Provins. Croix de Guerre, Médaille Militaire. Légion d’Honneur.
Raymond Lévy dit Reynal (27 ans)
Cycliste au 289e Régiment de Sens, agent de liaison, a été tué d’une balle en plein cœur.
Il est né le 22 avril 1887, à Saumur. Ses parents le dirigent vers une carrière commerciale, mais sa vocation l’entraîne vers le théâtre.
En 1907, après son retour de régiment, il est reçu au Conservatoire. C’est sous son nom d’artiste : Raymond Reynal, qu’il joue quelques rôles aux théâtres de la Renaissance et du Gymnase, à Paris.
En 1912, à la fin de ses études du Conservatoire, il reçoit brillamment le 1er prix de comédie.
Il est ensuite engagé et devient pensionnaire à 25 ans, de la Comédie française.
Un avenir brillant et une longue carrière lui est promise…
Il jouera en tout, au cours de cette courte carrière : 44 rôles.
Sa dernière interprétation avec la troupe de la Comédie française, sera à Orléans, le 26 juillet 1914, une semaine après, la guerre était déclarée…
Le 6 septembre 1915, jour anniversaire de sa mort, est inaugurée à la Comédie française, une statue, le représentant dans son uniforme de cycliste, œuvre de sa cousine, Marcelle Lévy. Cette sculpture, située à l’entrée du foyer, est toujours visible de nos jours.
Enterré sur le champ de bataille de Barcy, (une carte postale de la tombe a été éditée, indiquant par erreur, la plaine de Villeroy) la tombe sera transférée et demeure toujours dans le cimetière communal de Barcy.
Raymond Reynal symbolise, comme tant d’autres, artistes, poètes, écrivains, peintres, élèves des Écoles et Facultés, une jeunesse à l’image de toute la France, fauchée à l’orée de grands horizons…
Toujours le 6 septembre, venant d’Etrépilly, les troupes allemandes du général Riemann, de la 22e Division de Réserve, contre-attaquent le flanc gauche français qui commençait à se replier.
Grâce à l’intervention du commandant d’artillerie Baratier, qui à cheval, a immédiatement vu le danger, celui-ci place 4 canons au-dessus de la râperie de Marcilly.
Les bâtiments de la râperie sont situés à l’intersection des routes de Barcy à Puisieux et de Marcilly à Etrépilly.
Sur le plateau, les 4 canons français du 25e Régiment d’Artillerie de Campagne, ouvrent aussitôt le feu, à moins de 1.000 mètres, sur les lignes et les mitrailleuses ennemies.
Grâce à ce coup d’éclat, l’attaque allemande est enrayée !
Lundi 7 septembre 1914
Toute la journée, le bombardement allemand est intensif. Dans l’après-midi, les 4 régiments de zouaves et tirailleurs essaient en vain de conquérir les positions devant une ligne qui s’échelonne de Barcy à Chambry. Les fantassins français restent cloués au sol par l’artillerie lourde allemande.
Vers 15h00 : Barcy : le commandant Henri d’Urbal (52 ans), chef du 4e bataillon du 2e régiment de zouaves, inquiet de l’avancée de ses troupes, vient au contact.
Arrivé près de l’église, devant l’entrée de la ferme Bailly, il est tué par un obus allemand ( À Barcy dans le cimetière communal il reste la pierre tombale du commandant d’Urbal.).
Le 15 juin 1936, au cours d’une imposante cérémonie religieuse, les cercueils du commandant d’Urbal, du sous-lieutenant Joseph Demay et du soldat Louis Olivier sont exhumés et transférés dans le cimetière militaire national français de Chambry).
8 septembre 1914
13h30 : Barcy, les zouaves, forts éprouvés, ont évacué le village qui est bombardé d’une manière systématique par les obus allemands, notamment ceux à gros calibre. Plus de 1000 projectiles s’abattent sur le village et ses alentours !
Le clocher de l’église est éventré, la cloche est à terre. Il ne reste dans le village que les agents de liaison. De nombreux blessés sont recueillis dans la grande ferme dite de l’Evêque appartenant à Edmond Dhuicque.
Dans la ferme du Chapitre, du maire Eugène Bailly, les bâtiments sont criblés d’obus.
Mercredi 9 septembre 1914
Barcy : 13h00-14h00 : les artilleurs allemands accentuent leur bombardement sur le village. Un seul obus allemand tue 18 zouaves postés derrière une meule de paille et en blesse 6 autres. Un autre obus tombe dans la cour d’entrée d’une maison servant d’ambulance française, 7 blessés français en cours d’évacuation, sont tués.
Dans l’après-midi, sur la ligne de front Barcy-Etrépilly, les troupes allemandes se retirent progressivement.
Jeudi 10 septembre 1914
A l’aube, sur le front de l’Ourcq, du côté français, alors que l’on s’attend à une dure reprise des combats, c’est la surprise totale.
Il faut se rendre à l’évidence. Miracle ! L’ennemi n’est plus là !!